Avec la collaboration de deux collections majeures, de la Galerie Chenel et de la Galerie Shibunkaku, OGATA présente dans sa galerie une exposition originale sur les représentations du corps humain entre Occident antique et Orient contemporain, mettant en dialogue des chefs-d’œuvre de la sculpture de la Rome antique avec des peintures abstraites du Japon d’après-guerre. Dans une mise en scène audacieuse orchestrée par Shinichiro Ogata, cette exposition met en lumière des échos formels ainsi que des contrastes dans la figuration du corps humain par-delà les distinctions historiques et géographiques.
On caractérise régulièrement la maison japonaise traditionnelle par ses principes (construction en bois, adoption d’un module propre incarnée par le tatami, parterre surélevé, foyer central, modulabilité des espaces…) en l’opposant à l’architecture occidentale. Or cette distinction se fonde avant tout sur une conception différente du corps humain, et donc d’un rapport autre entre le corps humain et son environnement. OGATA Paris, par son aménagement intérieur et ses manières d’occuper quotidiennement l’espace architectural d’un hôtel particulier du XVIIe siècle, opère un va-et-vient incessant entre les deux traditions.
C’est dans cette perspective que Shinichiro Ogata a pensé et scénographié la présente exposition : des sculptures de la Rome antique (I-IIe siècles après Jésus-Christ) offrant diverses représentations du corps humain idéalisé – une statue féminine ou encore une tête d’Apollon – dialoguent avec de grandes œuvres picturales japonaises de la seconde moitié du XXe siècle, issues de l’art informel. Ce mouvement majeur de la peinture abstraite d’après-guerre, s’il naît principalement en France au milieu des années 1940, connaît un retentissement important au Japon, notamment par le truchement du peintre Georges Mathieu (1921-2012) et du critique Michel Tapié (1909-1987). La présente exposition se concentre sur deux peintres emblématiques des échanges artistiques franco-japonais d’après-guerre : Imai Toshimitsu (1928-2002) et Dōmoto Hisao (1928-2013), tous deux reconnus en France dès le milieu des années 1950 pour leur interprétation originale d’une abstraction lyrique et matiériste.
Sous cette nouvelle perspective, ce dialogue sur le corps humain, donne à voir autrement des chefs-d’œuvre auxquels notre regard s’était habitué. Par ses diverses interprétations fragmentées du corps humain, que ce soit les parties manquantes des statues antiques ou l’abstraction intentionnelle, cette exposition esquisse également une réflexion sur l’esthétique du fragment – une esthétique présente dans la représentation du corps humain en Orient et en Occident. L’exposition trouve un prolongement dans d’autres mises en regard novatrices entre sculpture antique et peinture japonaise, nourries par l’esthétique originale de Shinichiro Ogata.